Les roussettes de Lowpikas (Centre Brousse Tanna)
Tanna
est une île spéciale du fait qu’il y a un Nautapunis
(magicien, sorcier) pour tous .Chaque
plante à sa période de culture (comme les ignames, on les
plante vers le mois d’août et on commence la première
récolte à partir du mois d’avril). C’est le Nautapunis qui
autorise par exemple la première récolte.
Nautapunis: c'est le gardien spirituel et coutumier. A Tanna il y a un Nautapunis pour tout. Le Nautapunis du kava, de l'igname, du Tarot... Celui qui récolte par exemple avant que le Nautapunis l’autorise, ou continue de cultiver alors que ce dernier déclare la fin de la culture, sera sanctionné coutumièrement. Un Nautapunis (Langue de Tanna), sorcier, magicien agraire qui est gardien de la bonne croissance de tel ou tel faune ou flore.
De
même il y a des gardiens spirituel et coutumier pour chaque
animal, tel que les roussettes.C'est par intermédiaire d'un « pierre
sacrée » que le magicien concilie le monde des esprits avec
celui des hommes. Cette pière sacrée est soigneusement caché dans
un site sacré où personne ne peut y accéder le magicien
(Nautapunis).
Bien
avant le contact avec les occidentaux, et plus encore après
l’administration franco-britannique, puis après la mondialisation,
les insulaires avaient un système qui naturellement vise à vivre
en harmonie avec la nature (faune et flore) sans vraiment avoir
conscience qu’il y avait une menace pour la nature. En effet tout
semble naturel beau et abandon.Il ya par exemple comment protéger
les roussettes.
«
Les roussettes sont des oiseaux mammifères qui se
s’accrochent des grands arbres dans lequel elles se pendent la
tête en bas par centaines pendant la journée. Elles ne quittent
leur nid que le soir pour rechercher de la nourriture. Les
roussettes, dans leur campement, forment une communauté fermée.
Elles vivent généralement en colonies séparées, mâles d'un côté,
femelles de l'autre. Ce sont des animaux grégaires. Elles restent
fidèles à leur campement, parfois pour plusieurs générations.
Mais si elles sont constamment dérangées, toute la troupe s'en va
s'établir ailleurs ».
En
ce qui les concerne ,il existe à Tanna des sites protégées
coutumièrement par un sorcier (Nautapunis= gardien d’un plant
ou animal précis..) qui les abritent. A chaque période de l’année
le Nautapunis (mars/avril) lève l’interdiction et autorise ainsi
par une cérémonie l’ouverture à la chasse aux roussettes.
Auparavant à cette occasion, on chassait des milliers de
roussettes. Qui sera ensuite lors de la cérémonie coutumière
d’ouverture distribuée
aux clans. A partir de ce moment-là chasse est réputée ouverte,
mais à l’extérieur du site, jusqu’à nouvel interdiction.
Naturellement,
l’ouverture de la chasse aux roussettes s’accompagne de la
récolte de l’igname. Tout semble lié. De même l’ouverture par
exemple de la pêche se fait en adéquation avec la récolte de ce
tubercule sacré et traditionnel : l’igname.
A
l’heure actuelle, la population de cet espèce n’est plus la
même qu’il y a 50 ans. « Mon grand-père me disait qu’à
son époque les roussettes n’étaient pas très difficiles à
trouver. A chaque fois qu’ils reviennent de la chasse, c’est
avec plus de 50 roussettes. Aujourd’hui quand nous partons à la
chasse aux roussettes on revient difficilement avec plus de 2
roussettes ».dit Naula, un jeune de Lowpikas
En
bleu c’est le gardien des zones protégées avec les membres de sa
famille.
Aujourd’hui,
il s’agit alors de savoir quelle est la(les) cause(es) de la baisse
de l’effectif des roussettes à Tanna ? Comment allons-nous
les protéger ?
Des
Débats sur les réseaux sociaux au Vanuatu pointent du doigt la
manière dont les habitants de Tanna se comportent avec les animaux,
de par la cérémonie traditionnelle de l’ouverture qui participe
activement à la menace de cet oiseau mammifère, ou de par la
cérémonie de Niel( don et contre don public). Comme le montre
l’image ci-dessous, une cérémonie de Niel à partir des
roussettes. « Niel »
c'est littéralement le "tas", soit un empilement de
nourritures que l'on offre à ses alliés. Ceux-ci se répartissent
les dons qui leur sont faits, étant entendu qu'ils devront rendre
plus tard un niel de valeur égale.
Le
niel n'implique donc en principe ni profit matériel, ni gagnant,'ni
vaincu : la dette, ce puissant mécanisme de stratification sociale
des sociétés à grades du Nord de l'Archipel, n'existe pas dans la
première société de Tanna. On rend strictement ce que l'on a reçu,
on donne tout ce que l'on a et l'on attend de même de la part de son
allié ; au fond, c'est un comportement de type "potlatch".
Les
niel portent le plus souvent sur une nourriture spécialisée ; on
fait par exemple un niel d'ignames contre un niel de tarcs,de
bananes, de canne à sucre ou de poissons, etc... Le groupe qui
possède les magies de fécondité des ignames offre ainsi toute une
récolte de grandes ignames à un groupe qui possède par exemple la
magie de reproduction des taros et inversement. Dans la pratique, le
niel réunit souvent des clans du bord de mer à des clans de
montagne. L'aspect esthétique apparaît, dans ce rituel d'échange,
primordial : le groupe qui invite son allié sur sa propre place de
danse décore entièrement celle-ci par les présents qu'il lui offre
: les ignames (ou tout autre produit) sont alors déposées en tas
gigantesques sur le milieu, tandis que tous les banians qui s'élèvent
sur la bordure ruissellent d'ignames emmêlées qui chutent en
longues tresses des plus hautes frondaisons. Aujourd'hui, des dons de
cochons accompagnent les niel agricoles. Cette vaste cérémonie
d'échange est 3 la base de l'alliance politique ; elle se clôture
par des danses qui durent toute la nuit, chacun des deux réseaux
d'alliance se succédant jusqu'à l'aube sur la place de danse.
Toutes les grandes danses de Tanna trouvent ainsi leur origine dans
la coutume du niel qui exalte la fertilité magique des jardins de
Tanna .
Cérémonie
d’ouverture de chasse aux roussettes au Sud de Tanna (Koumera)
le 01 février 2014.(photo credit Pascal Waye)
225
roussettes tuées ce jour entre 6h à 9h du matin à Koumera, mais on
estime qu’il en reste 100 000 sur le site.
On
peut remarquer que depuis des générations cette tradition perdure
(Cérémonie de Prière d’ouverture pour la première récolte d’un
plant ou d’un animal), sans pour autant mettre en menace
l’extinction des roussettes. Il faut noter qu’en effet cette
pratique se fait une fois par ans, dans chaque région de l’ile.
C’est une occasion d’échanges de produit, des cultures de la
nature entre clan.
- La façon dont s’organisent les insulaires est coutumière, traditionnelle, collective, et respectueuse envers les flores et les faunes. On ne peut dire que c’est la tradition qui est le facteur participatif à l’extinction des roussettes sur l’ile. C’est à dire au moment des échanges, des trocs, cérémoniaux comme le cas sur la photo si haut.
- La surpopulation de l’ile est un facteur majeur à la menace de cette espèce. Actuellement on compte plus de 30 000 habitants sur l’ile de Tanna, avec une superficie de 550,0 km2 C’est l’ile la plus peuplée de l’archipel (sans compter les deux villes qui sont Port-Vila et Luganville).
- De nouveaux outils et méthodes de chasse facilitent le massacre.
- Pour trouver de quoi s’alimenter en viande les hommes vont chasser, plus d’hommes chassent aujourd’hui une population de roussettes qui est 10 fois moins qu’il y a 50 ans. L’augmentation de la population sur l’ile exige donc des extra espèces pour cultiver, ce qui amène à couper les forêts, les arbres dans lesquels les roussettes vivent.
- Les forets calmes, silencieuses sont des lieux propices dans lesquelles ces animaux ce sont en sécurité. Et si on détruit sans conscience, sans prendre en compte l’écosystème qui s’y trouve, on est sur de rompre la chaine qui existent, on dérèglement les liens qui relient les faunes et flores entre eux.
En
détruisant, pour construire, pour cultiver, on met en danger cette
espèce.
Tony
Noclam, un jeune de la tribu de Lamlu me disait « avant il y
avait un nid de roussettes juste en bas, où résident des milliers
de roussettes mais elles sont toutes parties, car la famille avait
besoin de construire des champs à coté, dès lors c’est difficile
de trouver des roussettes chez nous ».
Un
exemple prometteur de protection de l’Environment constaté à la
Tribu de Lowpikas.
A
Lowpikas (centre Brousse, Tanna), un scenario diffèrent a pu été
noté avec beaucoup d’appréciation.
En
effet, Nako (un homme d’une trentaine d’année) nous disait «
ici ce n’est plus nous qui chassons les roussettes mes ce sont
elles nous nous chassent».
Cela
s’explique par le fait que les gens de Lowpikas, à proximité du
nid des roussettes (site qui fait environ 1.5km2) sont obligés de
reculer, d’abandonner leurs anciens champs pour laisser libre et à
la tranquillité le site pour mieux conserver la biodiversité qui
y existe, et notamment cette espèce menacée. La population s’oblige
de quitter leurs champs, même leurs habitats pour laisser place
aux nouveaux envahisseurs animaux. C’est le tour des animaux de
nous contrôler.
Protéger
et conserver cette zone et spécialement les roussettes, a été
décidé par une seule personne il y a 28
ans. A cette époque (en 1986) les roussettes n’avaient qu'un
seul arbre pour s'accrocher le jour. Aujourd'hui c'est 1.5km2 de
forêt primaire qui les abrite du fait de l’augmentation
considérable du nombre.
Mais la zone de conservation s’agrandit de plus en plus.
Aujourd’hui,
plus personnes n’y rendre sauf autorisation. Mais l’autorisation
est rarement acceptée. Plus personnes ne chasse sur le site
protégée. C’est strictement interdit.
On
chasse que si les roussettes sont sorties de leur nid, la nuit et
pas à côté du site.
Roussettes
de Lowpikas (Centre Brousse Tanna) Zone de conservation d’environ
2km2
La
sanction est double en cas d’infraction des règles établies par
les villages.
D’une
part on inflige des peines corporelles aux auteurs des infractions
commises à l’encontre de la zone de conservation de
l’environnement (roussettes et autres animaux et flores). D’autre
part il y a une amende qui accompagne automatiquement la peine. Ceci
pour réparer la faute. Principalement l’amende serait un cochon
accompagné d’un pied de kava.
Rappelant
que cette concervation, étant d’abord, une initiative individuelle
ou familiale, puis a pris une importance tribale et clanique et
désormais elle commence notoirement à être connue par tout le
monde sur l’ile.
Néanmoins,
l’intervention des pouvoirs publics est insuffisante. Pourront, par
exemple à Lowpikas, ils veulent que le pouvoir public contribue au
financement de la concervation de cette endroit. De même cela
pourrait devenir un projet touristique qui rapportera des revenus
aux habitants pour la population. Ils se sont initiés sans aucune
formation, sans aucunes techniques, sans aucun cout financier, sauf,
la perte de leur territoire humain.
Lowpikas
est ce lieu de concervation de roussettes que j’ai visité.
D’autres
zones de concervation de l’environnement et des espèces
naturelles terrestres existent sur l’ile : Environment (Green
Hill- Nord de Tanna), Lowanamilo (Centre Brousse de Tanna), Koumera
(Sud de Tanna)
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