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lundi 21 juillet 2014

Protection et préservation traditionnelle des roussettes à Tanna.



Les roussettes de Lowpikas (Centre Brousse Tanna)

Tanna est une île spéciale du fait qu’il y a un Nautapunis (magicien, sorcier) pour tous .Chaque plante à sa période de culture (comme  les ignames, on les plante vers le mois d’août et on  commence la première récolte à partir du mois d’avril). C’est le Nautapunis qui autorise par exemple la première récolte.
 
Nautapunis:
c'est le gardien spirituel et coutumier. A Tanna il y a un Nautapunis pour tout. Le Nautapunis du kava, de l'igname, du Tarot... Celui qui récolte par exemple avant que le Nautapunis l’autorise, ou  continue de cultiver alors que ce dernier  déclare la  fin de la culture, sera sanctionné coutumièrement. Un Nautapunis (Langue de Tanna), sorcier, magicien agraire qui est gardien de la bonne croissance de tel ou tel faune ou flore.
De même il y a des gardiens spirituel et coutumier pour chaque animal, tel que les roussettes.C'est par intermédiaire d'un « pierre sacrée » que le magicien concilie le monde des esprits avec celui des hommes. Cette pière sacrée est soigneusement caché dans un site sacré où personne ne peut y accéder le magicien (Nautapunis).

Bien avant le contact avec les occidentaux, et plus encore après l’administration franco-britannique, puis après la mondialisation, les insulaires avaient un système qui naturellement vise à vivre en harmonie avec la nature (faune et flore) sans vraiment avoir conscience qu’il y avait une menace pour la nature. En effet tout semble naturel beau et abandon.Il ya par exemple comment protéger les roussettes.

«  Les roussettes sont des oiseaux mammifères qui se s’accrochent des grands arbres dans lequel elles se pendent la tête en bas par centaines pendant la journée. Elles ne quittent leur nid que le soir pour rechercher de la nourriture. Les roussettes, dans leur campement, forment une communauté fermée. Elles vivent généralement en colonies séparées, mâles d'un côté, femelles de l'autre. Ce sont des animaux grégaires. Elles restent fidèles à leur campement, parfois pour plusieurs générations. Mais si elles sont constamment dérangées, toute la troupe s'en va s'établir ailleurs ».

En ce qui les concerne ,il existe à Tanna des sites protégées coutumièrement par un sorcier (Nautapunis= gardien d’un plant ou animal précis..) qui les abritent. A chaque période de l’année le Nautapunis (mars/avril) lève l’interdiction et autorise ainsi par une cérémonie l’ouverture à la chasse aux roussettes. Auparavant à cette occasion, on chassait des milliers de roussettes. Qui sera ensuite lors de la cérémonie coutumière d’ouverture distribuée aux clans. A partir de ce moment-là chasse est réputée ouverte, mais à l’extérieur du site, jusqu’à nouvel interdiction.
Naturellement, l’ouverture de la chasse aux roussettes s’accompagne de la récolte de l’igname. Tout semble lié. De même l’ouverture par exemple de la pêche se fait en adéquation avec la récolte de ce tubercule sacré et traditionnel : l’igname.

A l’heure actuelle, la population de cet espèce n’est plus la même qu’il y a 50 ans. « Mon grand-père me disait qu’à son époque les roussettes n’étaient pas très difficiles à trouver. A chaque fois qu’ils reviennent de la chasse, c’est avec plus de 50 roussettes. Aujourd’hui quand nous partons à la chasse aux roussettes on revient difficilement avec plus de 2 roussettes ».dit Naula, un jeune de Lowpikas


En bleu c’est le gardien des zones protégées avec les membres de sa famille.



Aujourd’hui, il s’agit alors de savoir quelle est la(les) cause(es) de la baisse de l’effectif des roussettes à Tanna ? Comment allons-nous les protéger ?

Des Débats sur les réseaux sociaux au Vanuatu pointent du doigt la manière dont les habitants de Tanna se comportent avec les animaux, de par la cérémonie traditionnelle de l’ouverture qui participe activement à la menace de cet oiseau mammifère, ou de par la cérémonie de Niel( don et contre don public). Comme le montre l’image ci-dessous, une cérémonie de Niel à partir des roussettes. « Niel » c'est littéralement le "tas", soit un empilement de nourritures que l'on offre à ses alliés. Ceux-ci se répartissent les dons qui leur sont faits, étant entendu qu'ils devront rendre plus tard un niel de valeur égale.
Le niel n'implique donc en principe ni profit matériel, ni gagnant,'ni vaincu : la dette, ce puissant mécanisme de stratification sociale des sociétés à grades du Nord de l'Archipel, n'existe pas dans la première société de Tanna. On rend strictement ce que l'on a reçu, on donne tout ce que l'on a et l'on attend de même de la part de son allié ; au fond, c'est un comportement de type "potlatch".
Les niel portent le plus souvent sur une nourriture spécialisée ; on fait par exemple un niel d'ignames contre un niel de tarcs,de bananes, de canne à sucre ou de poissons, etc... Le groupe qui possède les magies de fécondité des ignames offre ainsi toute une récolte de grandes ignames à un groupe qui possède par exemple la magie de reproduction des taros et inversement. Dans la pratique, le niel réunit souvent des clans du bord de mer à des clans de montagne. L'aspect esthétique apparaît, dans ce rituel d'échange, primordial : le groupe qui invite son allié sur sa propre place de danse décore entièrement celle-ci par les présents qu'il lui offre : les ignames (ou tout autre produit) sont alors déposées en tas gigantesques sur le milieu, tandis que tous les banians qui s'élèvent sur la bordure ruissellent d'ignames emmêlées qui chutent en longues tresses des plus hautes frondaisons. Aujourd'hui, des dons de cochons accompagnent les niel agricoles. Cette vaste cérémonie d'échange est 3 la base de l'alliance politique ; elle se clôture par des danses qui durent toute la nuit, chacun des deux réseaux d'alliance se succédant jusqu'à l'aube sur la place de danse. Toutes les grandes danses de Tanna trouvent ainsi leur origine dans la coutume du niel qui exalte la fertilité magique des jardins de Tanna .


Cérémonie d’ouverture de chasse aux roussettes au Sud de Tanna (Koumera) le 01 février 2014.(photo credit Pascal Waye)

225 roussettes tuées ce jour entre 6h à 9h du matin à Koumera, mais on estime qu’il en reste 100 000 sur le site.
On peut remarquer que depuis des générations cette tradition perdure (Cérémonie de Prière d’ouverture pour la première récolte d’un plant ou d’un animal), sans pour autant mettre en menace l’extinction des roussettes. Il faut noter qu’en effet cette pratique se fait une fois par ans, dans chaque région de l’ile. C’est une occasion d’échanges de produit, des cultures de la nature entre clan.
  • La façon dont s’organisent les insulaires est coutumière, traditionnelle, collective, et respectueuse envers les flores et les faunes. On ne peut dire que c’est la tradition qui est le facteur participatif à l’extinction des roussettes sur l’ile. C’est à dire au moment des échanges, des trocs, cérémoniaux comme le cas sur la photo si haut.


  • La surpopulation de l’ile est un facteur majeur à la menace de cette espèce. Actuellement on compte plus de 30 000 habitants sur l’ile de Tanna, avec une superficie de 550,0 km2 C’est l’ile la plus peuplée de l’archipel (sans compter les deux villes qui sont Port-Vila et Luganville).
  • De nouveaux outils et méthodes de chasse facilitent le massacre.

  • Pour trouver de quoi s’alimenter en viande les hommes vont chasser, plus d’hommes chassent aujourd’hui une population de roussettes qui est 10 fois moins qu’il y a 50 ans. L’augmentation de la population sur l’ile exige donc des extra espèces pour cultiver, ce qui amène à couper les forêts, les arbres dans lesquels les roussettes vivent.


  • Les forets calmes, silencieuses sont des lieux propices dans lesquelles ces animaux ce sont en sécurité. Et si on détruit sans conscience, sans prendre en compte l’écosystème qui s’y trouve, on est sur de rompre la chaine qui existent, on dérèglement les liens qui relient les faunes et flores entre eux.
En détruisant, pour construire, pour cultiver, on met en danger cette espèce.
Tony Noclam, un jeune de la tribu de Lamlu me disait «  avant il y avait un nid de roussettes juste en bas, où résident des milliers de roussettes mais elles sont toutes parties, car la famille avait besoin de construire des champs à coté, dès lors c’est difficile de trouver des roussettes chez nous ».




Un exemple prometteur de protection de l’Environment constaté à la Tribu de Lowpikas.


A Lowpikas (centre Brousse, Tanna), un scenario diffèrent a pu été noté avec beaucoup d’appréciation.
En effet, Nako (un homme d’une trentaine d’année) nous disait «  ici ce n’est plus nous qui chassons les roussettes mes ce sont elles nous nous chassent». Cela s’explique par le fait que les gens de Lowpikas, à proximité du nid des roussettes (site qui fait environ 1.5km2) sont obligés de reculer, d’abandonner leurs anciens champs pour laisser libre et à la tranquillité le site pour mieux conserver la biodiversité qui y existe, et notamment cette espèce menacée. La population s’oblige de quitter leurs champs, même leurs habitats pour laisser place aux nouveaux envahisseurs animaux. C’est le tour des animaux de nous contrôler.
Protéger et conserver cette zone et spécialement les roussettes, a été décidé par une seule personne il y a 28 ans. A cette époque (en 1986) les roussettes n’avaient qu'un seul arbre pour s'accrocher le jour. Aujourd'hui c'est 1.5km2 de forêt primaire qui les abrite du fait de l’augmentation considérable du nombre. Mais la zone de conservation s’agrandit de plus en plus.
Aujourd’hui, plus personnes n’y rendre sauf autorisation. Mais l’autorisation est rarement acceptée. Plus personnes ne chasse sur le site protégée. C’est strictement interdit.
On chasse que si les roussettes sont sorties de leur nid, la nuit et pas à côté du site.



Roussettes de Lowpikas (Centre Brousse Tanna) Zone de conservation d’environ 2km2


La sanction est double en cas d’infraction des règles établies par les villages.
D’une part on inflige des peines corporelles aux auteurs des infractions commises à l’encontre de la zone de conservation de l’environnement (roussettes et autres animaux et flores). D’autre part il y a une amende qui accompagne automatiquement la peine. Ceci pour réparer la faute. Principalement l’amende serait un cochon accompagné d’un pied de kava.

Rappelant que cette concervation, étant d’abord, une initiative individuelle ou familiale, puis a pris une importance tribale et clanique et désormais elle commence notoirement à être connue par tout le monde sur l’ile.

Néanmoins, l’intervention des pouvoirs publics est insuffisante. Pourront, par exemple à Lowpikas, ils veulent que le pouvoir public contribue au financement de la concervation de cette endroit. De même cela pourrait devenir un projet touristique qui rapportera des revenus aux habitants pour la population. Ils se sont initiés sans aucune formation, sans aucunes techniques, sans aucun cout financier, sauf, la perte de leur territoire humain.


Lowpikas est ce lieu de concervation de roussettes que j’ai visité.
D’autres zones de concervation de l’environnement et des espèces naturelles terrestres existent sur l’ile : Environment (Green Hill- Nord de Tanna), Lowanamilo (Centre Brousse de Tanna), Koumera (Sud de Tanna)


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