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dimanche 5 avril 2015

En quoi les provinces sont nécessaires dans l’ingénierie des institutions de la Nouvelle Calédonie

En quoi  les provinces sont nécessaires dans l’ingénierie  des institutions de la Nouvelle Calédonie.

Etudiant : Olivier KASSO Master 1 de  Droit à UNC ,2015


Les ouvrages et articles utilisés  pour faire la synthèse.
1-      Les institutions en Nouvelles Calédonie, Mathias CHAUCHAT, CDPNC, 2011
2-      Nouvelle-Calédonie : Continuer à avancer vers le destin commun, rapport du sénat fait par Mme Sophie JOISSAINS, M. Jean-Pierre SUEUR et Mme Catherine TASCA, Sénateurs, 2014
3-      Les institutions pour un pays, Jean Yves FABERON, 2012
4-      Les institutions de la Nouvelle-Calédonie, François GARDE, 2001

«Nous voulions faire des Provinces un outil de rééquilibrage. Il fallait donc leur donner de vraies compétences (…) On a renversé le principe : les compétences qui ne reviendraient pas à l’État ou aux communes iraient à ces collectivités appelées Provinces pour bien montrer le changement (…) Il y a eu une discussion très ardue sur les limites entre les Provinces Nord et Sud. La commune de Poya a dû être coupée en deux sur le fameux “Creek Amick“». Michel Rocard, Premier ministre de mai 1988 à juin 1991, signataire des accords de Matignon-Oudinot

 Depuis le statut Pisani jusqu’au statut Pons II la Nouvelle Calédonie cherche à avoir un équilibre institutionnel. Cet équilibre a  été trouvé pour la première fois avec l’accord de Matignon de 1989. Comme disant le professeur J.Y. FABERON «  la nouvelle Calédonie d’aujourd’hui, celle du dialogue,  de paix et de développement, est la Nouvelle Calédonie provincialisée. Ses provinces en sont la clé politique »[i] Cela signifie que les provinces ont contribué de  manière assez satisfaisante à l’ingénierie des  institutions de la Nouvelle Calédonie. Avec le statut de  l’accord de Nouméa, constitutionalisé, les provinces comme les communes de la Nouvelle Calédonie sont considérées par  l’article 3 de la loi organique de 1998 comme  « des collectivités   territoriales de la république ». Par ailleurs, « elles s’administrent librement  par des assemblées élues au suffrage universelle  direct », comme tous les  collectivités décentralisées. La Nouvelle-Calédonie est  partagée en 3 provinces, qui sont provinces nord, province sud, province des iles.
Comme décrit le Professeur Faberon, la provincialisation  .est devenue «  la clé politique »[1] de vivre ensemble en Nouvelle-Calédonie. En effet on constate  un partage de pouvoirs  avec les kanak (ce qui auparavant ne se faisait  quasiment pas). Le partage des pouvoirs avec le kanak fait que les provinces Nord et Iles sont administrées  par les indépendantistes et celle du Sud par les loyalistes. Ça a donné plus de valeur aux kanaks et on peut dire  qu’ils sont satisfaits  d’administrer de manière autonome les provinces.
On constate également  que les provinces ont les  compétences de principe (ou de droit commun), attribuées  par la loi organique de  19 mars 1998. Les provinces sont devenues de véritables  collectivités de la Nouvelles Calédonie  ayant  des pouvoirs propres,  régissant des matières distinctement de celles  de l’Etat et de la Nouvelle Calédonie énumérées expressément dans la loi organique  sous les articles  20 à 22.
Cependant on remarque encore des   disparités entre les provinces, ce qui suscite certaines critiques  des uns et des autres au niveau de politique de rééquilibrage,  en effet « l’échec du rééquilibrage ne pénalise pas que le Nord et les Îles, mais tout autant la province Sud, d’où quelques flèches tirées sur les dirigeants indépendantistes et son appel à créer une structure de concertation entre provinces »[ii]

 Il s’agira ici de s’interroger  sur comment la Nouvelle-Calédonie est organiser en provinces et comment  ce modèle d’organisation  va-t-il participer  bon fonctionnement des institutions  de Nouvelle Calédonie. 
On évoquera  dans une première partie I) l’organisation et fonctionnement des provinces de la Nouvelle-Calédonie et dans une  deuxième partie  ont  démontrera  comment celles-ci ont contribué au rééquilibrage politique  et institutionnel.

I)                  Organisation et fonctionnement des provinces de Nouvelle-Calédonie
 
Les provinces  de Nouvelle-Calédonie est une invention  originale.  On  note 3 provinces de Nouvelle Calédonie.
On évoquera    d’abord (A) composition son fonctionnement des provinces et ensuite leurs compétences.

A)  Composition et fonctionnement des provinces.

1)      Organe délibérant
Chaque province est dirigée par une Assemblée dont les membres (14 pour les Îles Loyauté, 22 pour la province Nord et 40 pour la province Sud) sont élus pour cinq ans à la proportionnelle de liste à un seul tour de scrutin et selon la règle de la plus forte moyenne, chaque formation devant rassembler au minimum 5 % des inscrits de la province pour pouvoir obtenir au moins un siège[iii]. Une proportion de chacune des trois assemblées est également choisie pour constituer le Congrès de la Nouvelle-Calédonie (7 des Îles Loyauté, 15 du Nord et 32 du Sud). La fonction de conseiller provincial est incompatible avec celles de membre du Gouvernement, du Sénat coutumier, du Conseil économique et social et en règle générale d'une assemblée délibérante d'une autre collectivité territoriale de la République (élu d'une autre assemblée de Province, d'une assemblée territoriale d'une collectivité d'outre-mer, d'un conseil général, d'un conseil régional ou du conseil de Paris).
L'Assemblée de Province élit en son sein un président et trois vice-présidents pour la totalité de la mandature, le vendredi suivant le scrutin de l'élection provinciale le jour de la séance d'installation de l'institution présidée par son doyen d'âge assisté des deux benjamins, sauf si le quorum de 3/5e de ses membres n'est pas réuni à cette occasion. Si la majorité absolue est nécessaire pour obtenir un vainqueur aux deux premiers tours, la majorité simple suffit au troisième tour. En cas d'égalité des voix au troisième tour, le plus âgé des candidats l'emporte.
Elle se réunit au moins 1 fois tous les deux mois [iv]sur convocation de son président, et chaque fois que celui-ci le juge utile, sauf si en même temps a lieu une séance du Congrès. Le Haut-commissaire, son Commissaire délégué dans la Province ou le tiers des conseillers provinciaux peuvent demander une convocation extraordinaire de l'Assemblée, forçant le président à la réunir dans un délai de quinze jours sauf si le Haut-commissaire ou le Commissaire délégué décide de raccourcir ce délai pour raison d'urgences[v]. Et si le président ne s'est pas exécuté dans ce laps de temps, le représentant de l'État convoque lui-même l'assemblée. Le quorum nécessaire à l'ouverture d'une séance est fixé à la moitié au moins des membres de l'assemblée provinciale. Les séances sont publiques, sauf décision contraire des membres de l'assemblée à la majorité absolue des votants, se font en présence du Haut-commissaire ou de son représentant qui y ont un droit de parole et ont lieu à l'Hôtel de Province situé au chef-lieu de la collectivité
L'assemblée légifère dans les champs de compétence de la Province en votant le budget et les projets de délibérations préparés par son président, l'approbation des comptes et son règlement intérieur.

2)      Organe exécutif de la province
a)      Bureau
L’exécutif provincial est  confié à un bureau élu par l’assemblées parmi ces membres. Il comprend un président et trois vice-présidents. L’exécutif n’est pas responsable devant  l’assemblée. Ce qui  permet une stabilité comparant à l’exécutif de gouvernement de la Nouvelle Calédonie qui lui est responsable  devant le Congrès.
On remarque toutefois, s’agissant de la responsabilité de l’exécutif provincial,  que si l’assemblée refuse de voter le budget présenté par le président, et adopte un autre budget, il est  par conséquent  procédé   selon l’article 164 de la loi organique  à une nouvelle élection du bureau.
Le bureau peut se voir  déléguer par l’assemblée une partie  de ses attributions  à l’exception du vote de budget, de l’approbation des comptes et du règlement  intérieur, selon l’article 186 de loi organique.

b)     Le président de province
 S’agissant du Président de la province, la loi organique  lui octroie  certaines attributions propres. Il représente la province, il prépare et exécute les délibérations de l’assemblée. Il est l’ordonnateur des dépenses et prescrit  l’exécution des recettes. Il  gère le domaine de la province.
Il est   le chef de l’administration, c’est pour cela il peut nommer aux emplois crées par l’assemblée. Il peut déléguer à un ou plusieurs vice-présidents l’exercice  d’une partie  de ses attributions[vi] et sa signature  au secrétaire général de la province et aux chefs de service[vii]. Il  assure  aussi la publication des  actes  qui ressortent de la compétence de province.


B)   Compétences des provinces.
Les attributions des 3 assemblées  n’ont pas  besoin de  faire l’objet d’une énumération puisque  les  provinces sont compétentes  dans toutes les matières qui ne sont pas dévolues à l’Etat, à la Nouvelle Calédonie ou aux communes. C’est  une compétence de principe, de droit commun  qu’ont les provinces. Les répartitions de compétences figurent  dans l’article 20 de la loi organique.
Les  assemblées des provinces sont  donc compétentes dans les  domaines  n’ayant pas  expressément  attribués   à l’Etat, la Nouvelle Calédonie et les communes.
On peut se vanter du fait que les provinces  ont des compétences de principes, mais on constate  plutôt que  c’est une compétence négative  ou des compétences résiduelles  si on en tient  aux remarques  des certains doctrines relatifs à la Nouvelle Calédonie.
La loi organique   permet  à l’assemblée de chaque   province, de manière expresse  les  attributions administratives courantes[viii] comme le vote du budget qui est présenté par son président[ix] et l’approbation des comptes.

La loi organique précise également d’autres attributions, autres que le vote du budget.
Chaque assemblée de province a la compétence  de règlementer et exercer  les droit exploration, des gestion, et de conservation des  ressources biologiques et non biologiques des eaux intérieures (Les eaux intérieures sont les eaux situées en deçà de la ligne de base), des eaux surjacentes de la mer territoriale ( article 46 de la loi organique)
Chaque assemblée des trois provinces  sur son champ géographique prend des décisions d’application de la réglementation relative aux hydrocarbures, au nickel, au chrome, et au cobalt (article 40 de la loi organique. Selon l’article 50 de la loi organique les provinces  peuvent approuver les documents d’urbanisme des communes.


II)              Provinces, instituions  contribuant à l’équilibre du pays et répondant à l’esprit des accords de Matignon et de Nouméa.
Les accords de Matignon avaient engagé un rééquilibrage territorial entre provinces que l’Accord de Nouméa a consacré en indiquant que « le présent est le temps du partage, par le rééquilibrage ».
On  démontrera ici que les provinces ont permis le partage des responsabilités, et ont  permis à ce que les kanak  participent aux prises des décisions concernant le pays et on permit une répartition des richesses entre province. En effet  les élus de la province sont également  élus du congrès. Etant donné que les provinces des iles et  nord  sont majoritairement indépendantes, ce qui permet ainsi un équilibre au niveau du congrès.

A)  Partage de  pouvoir avec les kanak.

« Les provinces sont une création des accords de Matignon afin d'assurer un partage du pouvoir entre non-indépendantistes et indépendantistes, la province Sud devant revenir aux premiers et les provinces Nord et des îles Loyauté aux seconds »x, constate le rapport de Senat rendu en décembre 2014.
Aujourd’hui on constate une satisfaction, une paix sociale qui existe depuis la création des provinces. On assiste depuis l’accord de Matignon à un partage des compétences entre les forces politiques du pays. Les indépendantistes se sentent plus utiles en administrant eux même deux provinces. La province des iles est 100% gérée par les indépendantes, la province nord est gérée majoritairement par les kanak indépendantes.
On sait tous que La provincialisation s'est faite en 1989 dans l'optique d'une partition politique de la Nouvelle-Calédonie.

1)      Répartition politique en  province des iles  

La Province des îles Loyauté est très largement dominée par les indépendantistes du FLNKS, avec une opposition traditionnelle entre l'Union calédonienne, généralement majoritaire, et le Palika, qui bien qu'adversaire de l'UC lors des élections s'allie à elle généralement à l'assemblée.
3)      Répartition politique en province nord.
La Province Nord est majoritairement indépendantiste, avec une opposition ici frontale au sein du FLNKS entre l'UNI (qui regroupe le Palika et l'UPM) de Paul Néaoutyine (président de la Province depuis 1999) et l'Union calédonienne qui a détenu la présidence provinciale de 1989 à 1998. La présence anti-indépendantiste, qui a oscillé entre1989 et 2004 et depuis 2014 entre 3 et 5 membres à l'Assemblée, est réduite, du fait de sa division, suite aux élections provinciales de 2009 à deux élus seulement : une Rassemblement-UMP et un ex-Rassemblement rallié à Calédonie ensemble. Les deux listes non-indépendantistes, après l'échec d'une tentative de liste unique, candidates aux élections provinciales de 2014 ont permis de revenir à un poids plus important avec quatre élus dont trois de Calédonie ensemble et un du Rassemblement-UMP. Les loyalistes représentent entre un cinquième et un quart de l'électorat de la Province et est surtout implanté sur la côte ouest où sont situées trois des quatre communes dirigées par un maire anti-indépendantiste : Koumac (depuis toujours un fief non-indépendantiste, avec un maire proche de l'Avenir ensemble depuis 2004), Pouembout(jusqu'en 1995 et depuis 2008 avec un maire Avenir ensemble puis Calédonie ensemble) et Poya (jusqu'en 1983, de 2001 à 2008 et depuis 2014 avec une maire Calédonie ensemble).


4)      Répartition politique en province sud.
La Province Sud est majoritairement anti-indépendantiste, les partisans de la séparation avec la France n'ayant plus eu de représentant au sein de son assemblée provinciale entre 2004 et 2009, et n'a regagné à cette dernière date que 4 sièges sur 40, puis 7 élus en 2014 à la faveur d'une liste réunissant l'ensemble des formations nationalistes et de gauche. Sur les 13 communes de la Province (en ne comptant pas Poya), seules Yaté (depuis toujours), Thio (jusqu'en 2004 et depuis 2014) et l'Île des Pins (depuis2014) ont un maire indépendantiste. Dominée de 1989 à 2004 par le RPCR (aujourd'hui Rassemblement-UMP) de Jacques Lafleur, ce dernier s'est fait battre en 2004 par une nouvelle formation baptisée Avenir ensemble rassemblant des dissidents de plus ou moins longue date du Rassemblement critiquant sa gestion et l'accusant d'être trop autoritaire. Les élections provinciales de 2009 ont été marquées par l'éclatement du camp loyaliste, avec six listes représentant cette tendance sur les onze listes qui étaient en course et quatre d'entre elles passant la barre des 5 % permettant d'obtenir des conseillers provinciaux. Aucun parti n'a de majorité, même si le Rassemblement-UMP est arrivé en tête et obtient le contrôle de l'institution. Aux élections provinciales de 2014, une recomposition du camp non-indépendantiste aboutit à l'apparition de trois grands blocs : Calédonie ensemble qui arrive en tête mais sans majorité absolue ; le Front pour l'unité (FPU) réunissant le Rassemblement-UMP, l'Avenir ensemble et le LMD ; et l'Union pour la Calédonie dans la France (UCF) fédérant le Mouvement populaire calédonien (MPC, fondé en 2013 par des dissidents du Rassemblement-UMP), le Rassemblement (RPC, créé en 2006 par des dissidents du Rassemblement-UMP fidèles à Jacques Lafleur) et le Mouvement républicain calédonien (MRC, créé en 2011 par des dissidents du Rassemblement-UMP favorables à un drapeau commun).[x]

B)   Provinces  institutions répondant à l’esprit des Accords, Répartition de la richesse de manière équitable entre les provinces, citoyenneté par le droit de vote.
1)      Le rééquilibrage  économique  annoncé par les accords de Matignon puis Nouméa   voit petit à  petit le jour.
Ce rééquilibrage s’est manifesté par la construction d’équipements tels que la route transversale « Koné-Tiwaka » qui relie les côtes ouest et est de la province Nord. Il repose sur d’autres outils tels que la clé de répartition entre les budgets provinciaux ou l’effort de formation. Ce rééquilibrage s’exprime aussi à travers le développement de projets miniers qui assurent une répartition équitable des retombées de l’exploitation du nickel, tant il est vrai que, comme le disait à M. Pierre Bretegnier, ancien membre du Congrès, « la Nouvelle-Calédonie bat au rythme du nickel ».[xi] Le rééquilibrage se poursuit et permet de constater des premiers effets comme le développement soutenu de Koné, chef-lieu de la province Nord à la suite de l’usine de Doniambo désormais en état de fonctionnement. Cependant, si la « provincialisation » a largement contribué au rééquilibrage, M. Paul Néaoutyine et M. Neko Hnepeune, respectivement présidents de la province du Nord et des îles Loyauté, rejettent l’idée que le rééquilibrage puisse être considéré comme achevé.
2)      Clé de répartition et solidarité entre les provinces

Une clé de répartition budgétaire entre provinces existe depuis la conclusion des accords de Matignon et a été reconduite par l’Accord de Nouméa. En effet, les ressources versées aux provinces, qui constituent l’essentiel de leurs ressources financières, sont réparties, non en fonction d’une pondération strictement fondée sur leurs poids démographiques respectifs, mais en fonction de pourcentages prenant en compte les retards 1 L’article 5 de la loi organique autorise la Nouvelle-Calédonie à déterminer « librement les signes identitaires permettant de marquer sa personnalité aux côtés de l’emblème national et des signes de la République » par une décision du congrès à la majorité des trois cinquièmes de ses membres. Ce retard qui frappe les provinces Nord et des îles Loyauté en matière de développement.[xii]
La clé de répartition est gravée à l'article 181 de la loi organique (50 % pour la province Sud, 32 % pour la province Nord et 18 % pour la province des Îles Loyauté, pour la dotation de fonctionnement). Il faut, pour la modifier, une majorité des 3/5ème au Congrès, dont ne dispose pas le pacte républicain.
La province Sud concentrait déjà en 1999 (à la date de la loi organique) 68 % de la population, le Nord 21 % et les îles 11 %. Aujourd’hui, la population en 2009 de la province Sud est 74,5 %, celle du Nord de 18,4 % et celle des Îles de 7,1 %. On notera quand même que le déséquilibre, s’il s’est accentué, ne l’a pas non plus été de manière écrasante. Les indépendantistes considèrent qu’il n’y a pas que l’exode rural qui est responsable de faire enfler le Sud. Ils demandent qu’on déduise des chiffres les immigrants français… Bref, c'est un débat complexe qui nécessite de s'interroger sur le principe du rééquilibrage et sur les compromis possibles au Congrès.[xiii]
Le Rassemblement avait déposé le 18 octobre 2010 une proposition de loi du pays portant affectation de recettes fiscales et une proposition de délibération portant création du fonds de développement des collectivités locales. Ces propositions étaient signées par les élus du RUMP, à l'exception notable de Léontine Ponga, élue du Nord.[xiv]
Cette proposition de loi du pays, en ce qu'elle vise à contourner presque explicitement la majorité des 3/5ème nécessaire à la modification de la clé de répartition, était tout simplement contraire à la loi organique, disons inconstitutionnelle pour faire simple. Ce n'est pas un raisonnement juridique compliqué. La loi organique a fixé les recettes fiscales de la Nouvelle-Calédonie ; elle les a réparties suivant une clé de répartition fixée à l'article 181 sans prévoir d'autres modalités ; elle a fixé une procédure particulière de modification à la majorité des 3/5ème. Si on touche à la procédure elle-même (en utilisant la majorité simple), ou à l'équilibre des masses financières (en retirant des recettes de l'assiette fiscale de la Nouvelle-Calédonie pour les affecter à un fonds), on ne respecte pas la loi organique. Et la réponse politique sur le fonds de développement interprovincial est venue de la province Nord le 22 décembre 2010. Le président Paul Néaoutyine s’est fermement opposé à la création d’un « mode de gouvernance d’opérations provinciales à l’échelle de la Nouvelle-Calédonie (…) qui propose tout simplement la mise en œuvre d’une gouvernance parallèle ». Il a poursuivi : «Je ne veux participer à rien qui soit utilisé à contourner ou à déstabiliser le bon fonctionnement des institutions de l’Accord de Nouméa ».
Calédonie ensemble a alors déposé deux propositions de loi du pays. La première vise à modifier la clé de répartition pour tenir compte des évolutions de population. La clé passerait à 56,5 %, 29,30 % et 14,20 % respectivement pour le Sud, le Nord et les Îles. La seconde vise à créer des centimes additionnels sur les produits de jeux qui seraient prélevés par la province où est situé l’établissement, donc le Sud.  Le président du Congrès les a transmises pour avis au Conseil d’Etat, suivant l’article 100 de la loi organique. Le Conseil d’Etat a répondu le 13 janvier 2011, sous les n° 384.776 et 384.777.[xv]. S’agissant de possible modification de la clé de répartition, le Conseil d’Etat (CE) par un avis  admet   qu’il n’est pas impossible d’avoir une modification raisonnable.[xvi] Ceci dit qu’il est toujours possible  de  revoir la clé de répartition suivant l’évolution de la population. On estime  qu’il y a de plus en plus de  population de la province des iles loyautés et la population de la province Nord qui immigrent à la province Sud.  Ce qui fausse  éventuellement  le pourcentage de  répartition des dotations. Certains loyalistes, comme Pierre Bretegnier  avoue  publiquement  que  la politique de rééquilibrage  est un échec,  pas que dans les provinces nord et iles, même pire dans les provinces sud.

Le mécanisme de la clé de répartition budgétaire entre provinces
Sur le plan budgétaire, la péréquation entre les trois provinces s’exerce à travers le budget de la Nouvelle-Calédonie qui assure le versement des dotations de fonctionnement et d’investissement aux trois provinces. Ces dernières ne disposent en complément que de recettes fiscales propres très limitées, se réduisant à 6 % de leurs recettes réelles de fonctionnement, et de dotations directement versées par l’État pour compenser des charges transférées (dotation globale de fonctionnement et dotation globale d’équipement et de construction des collèges). L’essentiel des finances provinciales provient donc du budget de la Nouvelle-Calédonie. La part du budget territorial à destination des provinces est affectée selon une clé de répartition prévue par l’article 181 de la loi organique du 19 mars 1999 : - pour la dotation de fonctionnement : 50 % pour la province Sud, 32 % pour la province Nord et 18 % pour la province des îles Loyauté ; - pour la dotation d’équipement : 40 % pour la province Sud, 40 % pour la province Nord et 20 % pour la province des îles Loyauté. Cette clé de répartition constitue une aide en faveur du rééquilibrage au bénéfice des provinces Nord et des îles Loyauté. En effet, si la répartition des dotations entre provinces s’opérait sur un critère purement démographique, elle conduirait à verser 74,5 % à la province Sud, 18,4 % à la province Nord et 7,1 % à la province des îles Loyauté. Depuis 2004, elle peut être modifiée, outre par la loi organique, par une loi du pays votée à la majorité des trois cinquièmes des membres du Congrès de la Nouvelle-Calédonie.
 Source : Ministre de l’Outre-mer


3)       Citoyenneté et droit de vote aux élections provinciales.
Le vote aux élections provinciales est aujourd’hui  un élément clé pour devenir non pas que citoyen de la province mais  surtout une condition pour être citoyen de la Nouvelle Calédonie. Inversement pour  voter aux élections provinciales il faut remplir les conditions de citoyenneté du pays.
« Les provinces disposent d'une légitimité démocratique forte puisque les membres de l'assemblée de province sont élus au suffrage direct »[xvii]. Le corps électoral participant à cette élection est restreint comme l'exige l'Accord de Nouméa. Cette restriction du droit de vote a appelé deux révisions constitutionnelles, en 1998 puis en 2007.
Dès la signature de la déclaration de Matignon le 26 juin 1988, l'État, le FLNKS et le RPCR ont convenu que les « populations intéressées » à l'avenir du territoire seraient seules habilitées à se prononcer lors des scrutins déterminants pour l'avenir de la Nouvelle-Calédonie, c'est-à-dire les élections au Congrès et aux assemblées de province.
Reprenant ce qui avait été initialement envisagé en 1988, le point 2.2.1 du document d'orientation de l'Accord de Nouméa prévoit que, « comme il avait été prévu dans le texte signé des accords de Matignon, le corps électoral aux assemblées des provinces et au congrès sera restreint ».
Toutefois, lors des négociations difficiles qui ont abouti à l'Accord de Nouméa, le FLNKS a accepté, à la demande du RPCR, d'étendre aux électeurs arrivés avant 1998 la possibilité de participer aux élections au Congrès et aux assemblées de province, à la condition qu'ils justifient de dix ans de résidence à la date de l'élection.
Le juge constitutionnel  [xviii]estime qu'il ressort de la loi organique du 19 mars 1999 que doivent notamment participer à l'élection des assemblées de province et du Congrès les personnes qui, à la date de l'élection figurent au tableau annexe mentionné au I de l'article 189 et sont domiciliées depuis dix ans en Nouvelle-Calédonie, quelle que soit la date de leur établissement en Nouvelle-Calédonie, même postérieure au 8 novembre 1998.
Le Conseil constitutionnel fonde cette interprétation sur l'idée « qu'une telle définition du corps électoral restreint est au demeurant seule conforme à la volonté du pouvoir constituant, éclairée par les travaux parlementaires dont est issu l'article 77 de la Constitution, et respecte l'accord de Nouméa, aux termes duquel font partie du corps électoral aux assemblées des provinces et au congrès, notamment, les électeurs qui, "inscrits au tableau annexe, rempliront une condition de domicile de dix ans à la date de l'élection"».[xix]
Le juge constitutionnel fait donc prévaloir la théorie du corps électoral « glissant ». En l'absence de stipulation expresse de l'Accord de Nouméa excluant la participation des Français installés en Nouvelle-Calédonie après le 8 novembre 1998 aux élections aux assemblées de province et au Congrès, il a retenu l'interprétation la moins restrictive du corps électoral.
Pour rétablir un corps électoral « gelé », la loi constitutionnelle[xx] Constitution a introduit une disposition interprétative. Si cette révision constitutionnelle est saluée par les indépendantistes qui estiment qu'elle rétablit la lecture correcte de l'Accord de Nouméa, elle a été vivement critiquée par plusieurs responsables non-indépendantistes qui la jugent comme une « trahison » de l'Accord cautionnée par le Parlement.

Sous l'impulsion de l'Union calédonienne, plusieurs recours ont été engagés devant les commissions administratives chargées d'élaborer les listes électorales puis devant le juge judiciaire pour obtenir la radiation d'électeurs de la liste électorale spéciale.
M. Gaël Yanno, président du Congrès de la Nouvelle-Calédonie a fait valoir que les 23 000 personnes résidant en Nouvelle-Calédonie sans droit de vote pour les élections provinciales sont des « sujets calédoniens », par opposition aux citoyens calédoniens. Il notait que la restriction du droit de vote de nationaux français pour des élections ayant lieu sur le territoire français était à tout le moins paradoxale à l'heure de la proposition en faveur du droit de vote des étrangers aux élections locales.
Pour les loyalistes comme M. Gaël Yanno, il voyait dans les demandes de radiation d'électeurs une manœuvre de la part de certains indépendantistes qui « pensant perdre, veulent préventivement disqualifier la règle et l'arbitre », notamment auprès du comité de décolonisation de l'Organisation des Nations unies, ce que M. Georges Naturel, maire de Dumbéa, a confirmé en s'étonnant que les contestations n'aient  été soulevées qu'à la veille des élections provinciales de 2014 alors que la révision des listes électorales a lieu chaque année.
« Pour les indépendantistes, le « gel du corps électoral » est une condition de l'Accord de Nouméa qui doit éviter qu'un afflux brutal de résidents sans attache profonde avec la Nouvelle-Calédonie »- comme les fonctionnaires de l'État mutés - ne décident du destin de l'archipel. M. Gérard Régnier, secrétaire général de l'Union calédonienne, a indiqué que des recours contre l'inscription sur des listes électorales spéciales avaient été engagés dès 2009.
M. Neko Hnepeune, président de l'assemblée de la province des îles Loyautés'est dit convaincu du bien-fondé des recours introduits même s'ils n'avaient pu aboutir pour des raisons procédurales.




[i]  Les institutions pour un pays, J.Y. FABERON
[ii]  Le rééquilibrage a échoué, P. BRETEGNIER, 06 janvier 2012, les nouvelles Calédoniennes
[iii]  Article 192  de la loi organique sur  mode de scrutin et remplacement des membres des assemblées.
[iv]  Article 162 de la loi organique
[v] Article 162 de loi  organique
[vi] Article 173 de la loi organique
[vii] Article 174 de la  loi organique.
[viii] Statut constitutionnel de la Nouvelle Calédonie, F. LUCHAIRE, 2000
[ix] Article 183 de la loi organique
[x] Etudes sur les forces politiques dans les provinces, 2015
[xi] RAPPORT D´INFORMATION FAIT au nom de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du Règlement et d’administration générale (1) sur la Nouvelle-Calédonie, Par Mme Sophie JOISSAINS, M. Jean-Pierre SUEUR et Mme Catherine TASCA,
[xii]  Les institutions en Nouvelle Calédonie, M. CHAUCHAT, 2011
[xiii]  Clé de répartition, proposition de Calédonie Ensemble, 2014
[xiv] Les nouvelles calédoniennes, 2010
[xv] Commentaire de   M. CHAUCHAT, sur la proposition de la clé de répartition.
[xvi] http://larje.univ-nc.nc/images/stories/Avis_CE_384777_2011.pdf
[xvii] Rapport Senat, 2014
[xviii] Décision n° 99-410 DC du 15 mars 1999
[xix] Décision n° 99-410 DC du 15 mars 1999
[xx] Loi n° 2007-237 du 23 février 2007 modifiant l'article 77 de la Constitution

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